Ma petite histoire capillaire

Ma mère comme beaucoup de mères pensait que défriser nos cheveux à ma sœur et moi était une solution qui allait de soi. Donc vers 10-11 je recevais mon premier défrisage. Bien entendu c'était un défrisage pour enfant "just for me". Auparavant ma mère nous tressait les cheveux chaque semaine et nous rajoutait des petites perles à la fin car cela était à la mode en ce temps- là. Je me souviens que mes professeurs adoraient toucher mes cheveux c'était tellement exotique et coloré. Lorsque nous partions aux Antilles mes tantes avaient l'habitude de me dire que mes cheveux étaient trop crépus et que cela méritait un bon coup de fer, car elles ne défrisaient pas leurs cheveux à froid.

Donc vers 10-11 ans ma mère me défrisa les cheveux. Quelle sensation nouvelle. Je pouvais enfin faire comme toutes mes petites camarades aux cheveux lisses, mes cheveux remuaient au moindre coup de vent. Je dois avouer que c'était un peu douloureux au début, la sensation de brûlure n'était guère agréable, mais comme disait ma mère il faut souffrir pour être belle. Nous avions donc notre défrisage à la moindre repousse, en ce temps-là c'était la coutume. Ma mère aussi se défrisait les cheveux religieusement.

Un jour ma mère alla voir un dermatologue. Celui-ci lui expliqua à quel point le défrisage était nocif pour nos cheveux et les dommages que cela causait à long terme. Cela changea la vie de ma mère à partir de ce jour-là elle arrêta de nous défriser les cheveux. Elle ne nous défrisait les cheveux qu'au fer chaud et seulement pour les grandes occasions. Le reste du temps elle nous emmenait nous faire tresser chez une coiffeuse. Le seul souci c'est qu'elle nous faisait des nœuds tellement serrés que nous commencions à perdre nos cheveux aux tempes. Donc ma mère décida de recommencer à nous coiffer.

Lorsque je fus en troisième je décidais que je voulais avoir un défrisage et je suppliais ma mère de me laisser en avoir un. Elle accepta finalement et j'allais même au salon me faire défriser les cheveux.
Quand j'eu quinze je partis vivre aux Antilles. Là-bas je laissais repousser mes cheveux et je faisais constamment des tresses pour ne pas avoir à traiter avec les deux textures de cheveux. Finalement je décidais de couper mes cheveux et de les colorer d'un rouge éclatant. J'adorais ma nouvelle coupe et surtout ma couleur flamboyante.
Je repartis en France pour faire mon deug. Juste avant j'avais coloré mes cheveux en rouge encore une fois je portais une coupe courte. Je me souviens de mon premier jour de classe tout le monde me regardait. Il faut dire que je ne passais pas inaperçue avec cette couleur.
Plus tard je délaissais le rouge pour une couleur châtain, une coupe courte avec un curl.

Un été en visitant ma mère j'en eu marre et lui demandait de me raser le crane et voilà je me retrouvais chauve du jour au lendemain heureusement que c’était en été et qu’il n’y avait pas cours J Alors que mes cheveux repoussaient à vitesse grand V je fis une coloration rouge flamboyante parce que d’une j’adore le rouge et de deux cela correspond tout à fait à ma personnalité explosive. En 2002 je retournais en France pour mes études. Je me souviens encore marchant dans la fac avec cette coupe courte d’un rouge vive et attirant l’attention.

En 2005 j’eus envie d’un changement d’air. De par mon cursus je pouvais aller passer une année à l’étranger. Je choisis la Nouvelle Orléans. Evidemment mes cheveux étaient tressés avec des mèches d’un rouge flamboyant. 


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Malheureusement il y eut le cyclone Katrina et mes cheveux étaient le cadet de mes soucis. Je n’eus aucun contact avec ma famille pendant quelques jours, ils ne pouvaient donc pas savoir si j’allais bien ou pas. J’avais en tout et pour tout dans ma valise 3 sous vêtements, 3 t-shirts et 1 jean, pensant que je serais de retour à la Nouvelle-Orléans en moins d’une semaine. Je me trompais lourdement donc tout ce que j’avais emmené avait été emporté. Malgré tout une fois la famille rassurée je décidais de rester avec mes deux amies françaises avec lesquelles j’étais partie, Nous déménagions donc dans la petite ville de Lafayette toujours en Louisiane. C’est là que je devais expérimenter le meilleur et le pire. J’y ai rencontré des gens extraordinaires, découvert des tas de choses côtoyer différentes cultures, améliorer mon anglais of course lol mais ce fut aussi une expérience catastrophique niveau capillaire.
Avant la couleur









Comme je l’ai dit avec Katrina mes cheveux n’étaient pas ma priorité et j’avais toujours mes mèches rouges mais il était maintenant grand temps de les enlever. Je les ai donc enlevées. Comme j’aime la couleur je décidais de les colorer de nouveau. Bien sûr je voulais un rouge intense lol mais la coiffeuse me rata complètement. Tout d’abord elle me dit que le prix serait de $60 pour la couleur. Mais étant donné que mes cheveux étaient nattés je ne pense pas qu’elle avait remarqué qu’ils étaient naturels. Lorsque je défis les tresses dans le salon, silence tout le monde me regardait bouche bée même la coiffeuse. Elle me demanda si je voulais aussi un défrisage, pour sûr j’étais venu pour un défrisage ce n’était pas possible et quand je lui répondis que non je voulais juste une couleur je vis qu’elle était plus que réticente mais procéda quand même. Comme je l’ai dit plus haut fiasco total. En plus elle me dit :’’comme tes cheveux étaient difficiles à coiffer du fait de leur état naturel ca sera $80 »  Imaginez ma surprise !!! Elle eut le culot de me demander si je voulais les sécher et les coiffer en payant un peu plus encore. Inutile de dire que je suis partie du salon les cheveux mouillés. Mon amie finit de me coiffer une fois arrivées au campus.


Le résultat plus auburn orange que rouge
 

                    Le jour suivant je me sentais bien je m’étais accoutumée à ma couleur après tout c’était vif. J’avais fait un bel afro et je me dirigeais ainsi vers la cafeteria sacro saint lieu où toute la fac se réunissait et où tout se passait. Dès que je mis un pied dans la cafeteria tout le monde se tut et ce n’est pas une blague j’avais l’impression d’être dans une de ces séries B américaines. Pas un bruit pas un murmure. Puis soudain une rumeur et tout le monde se remit à parler. Je me demandais pourquoi les gens me fixaient du regard, je n’étais pas plus grosse qu’une autre, j’étais bien habillée, ma couleur de cheveux n’étais pas plus folle que la fille assise avec du vert rose violet bleu rouge sur sa tête. J’allais même vérifier aux toilettes histoire de voir si un troisième œil ne me serait pas pousser au milieu du front. Quand je revenais dans la cafeteria les gens faisaient des commentaires lorsque je passais près d’eux. «L’esclavage est fini”,” tu sais ce que c’est un peigne ? Sûrement pas elle vient d’Europe je crois qu’ils n’ont pas de coiffeurs là-bas », « pauvre fille elle était à la nouvelle-Orléans peut-être qu’elle a oublié son peigne là-bas. » Ma préférée je crois que c'était slave hair " cheveux d'esclave."

                                       J’étais mortifiée. J’étais là dans un pays étranger sans famille, ayant subi Katrina, subissant les railleries quotidiennes sur mes cheveux. Et en y regardant de plus près j’étais effectivement la seule fille aux cheveux naturels. Toutes les filles noires avaient leurs cheveux défrisés ou tressés. En parlant avec des amis noirs américains ils me dirent que c’était normal ici c’était les Etats-Unis et de plus c’était le sud c’était encore pire. Si tu portes tes cheveux aux naturels c’est comme une sorte d’affirmation I am black and I am proud (je suis noire et fière) ce mouvement des années 70 où les noirs arboraient fièrement leurs afros. Et là-bas ils n’aimaient pas ca il fallait faire profil bas. En plus pour corser les choses j’étais foncée de peau donc avec l’afro ca faisait encore plus black power. Le pire c’est que pour moi ce n’était pas une revendication juste une chose naturelle comme une blanche avait les cheveux lisses ou bouclés les miens étaient crépus et puis c’est tout.

C’était tous les jours des remarques désobligeantes de la part des noirs à la cafeteria. Les blancs eux me regardait comme si j’avais une barbe une sorte de phénomène et la plupart du temps voulaient toucher ma tête comme si c’était un bien public. J’ai connu une canadienne blanche là-bas. Elle avait des problèmes quant à l’entretien de ses cheveux donc elle les gardait la plus part du temps tresses. Elle me racontait comment ses co-équipières au foot l’appelaient la négresse parce qu’elle avait des tresses et que c’était considéré comme une coiffure pour les noirs seulement. Elle ne comprenait pas pourquoi c’était un problème, étant du Canada et ayant beaucoup d’amis de différentes nations personnes ne faisaient jamais de commentaires. Pour vous dire à quel point c’était grave son coach lui dit d’enlever ses tresses parce que ce n’était pas une négresse. Elle a refusé et fut suspendue parce que soit disant sa coiffure n’était pas appropriée pour un terrain de foot.


Début des défrisages, couleurs et tissages toutes les 2 semaines
                  Donc fatiguée d’entendre les mêmes commentaires depuis un mois ou deux je demandais à mon amie de me défriser les cheveux. Le jour suivant lorsque je vins à la cafétéria tout le monde me regardait du genre « finalement ». Un ami me dit même «en fait t’es jolie » Imaginez le choc je suis restée bouche bée. Je remarquais de suite la différence. Je n’étais plus la fille avec l’afro haut en couleur celle qui était différente. Non maintenant j’étais la petite française à l’accent très sexy. C’est drôle comment une simple coupe de cheveu peut tout changer. Dès lors ma colocataire commença à me tisser les cheveux toutes les deux semaines et me colorer les cheveux tous les deux mois. Mes cheveux commençaient à tomber, j’avais un immense trou derrière que j’essayais de cacher tant bien que mal. J’étais évidemment mortifiée. J’avais laissé les gens m’affecter et influer sur qui j’étais.





Le jour de ma coupe début de ma transition
        En plus, je prenais des classes sur l’histoire noire et j’avais le sentiment de ne pas me mentir à moi-même. Mes cheveux défrisés ce n’était pas moi. Un jour à la caf deux sœurs vinrent me voir et me dirent : « tu nous a inspiré a redevenir naturelles. »  J’avais honte de moi-même parce que je m’étais laisser influencer pour satisfaire et faire taire les autres alors que d’autres trouvaient le courage de porter leurs cheveux naturels grâce à moi.  Effectivement sur le campus je vis beaucoup de filles porter des TWA. En 2006 vu que mes cheveux se cassaient je décidais de les couper et de ne plus les défriser. Et j’entamais une longue transition en fait je n’ai jamais rebig chopé j’ai laissé mes cheveux pousser et se casser là où il y avait le défrisage.
  En 2007 j'ai fait un texturizer pensant que ça allait juste détendre mes boucles ( c'est ce qui était indiqué sur la boite lol) en faisant le texturizer j'ai senti l'odeur ô combien trop familière et j'ai laissé posé trop longtemps résultats mes cheveux de devant étaient quasiment lisses. Rebelote re transition sans couper j'ai laissé pousser vu que mes cheveux étaient courts ça ne m'a pas trop posé de problème. 

2009 découverte des premiers blog naturels ce n'était pas ce qu'est c'est aujourd'hui à l'époque lol. Là je commence vraiment mon aventure capillaire dans le sens où je commençais à acheter des produits plus naturels, à experimenter avec des coiffures. En 2010 complètement naturelle. Mes cheveux avaient vraiment poussés, mais la longueur stagnait au niveau des épaules. 
Me voici en Novembre 2010 complètement naturelle.

 En 2011 j'ai fait la vraie découverte des coiffures pro avec un challenge de brownskin 2601 et j'ai vu la rétention de longueur et depuis ça ne fait que pousser.


Niveau en dessous du soutien gorge presque milieu du dos







1 comment:

Juliette said...

ah voir si cela aurait le même effet sur mon mari . Je vais voir avec son coiffeur barbier bordeaux

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